Les équipages achèvent leurs premiers sujets

Samedi, 17 novembre – Johannesburg.

Première réunion hebdomadaire avec Guy Garibaldi à Johannesburg. Guy fait le point avec les concurrents et remet les per diems.

Les jours ont passé. Nous sommes enfin arrivés à Johannesburg, après de longues heures passées derrière le volant.

A l’hôtel, nous retrouvons l’équipe : Guy Garibaldi est là, entouré des candidats. Les équipages achèvent leurs premiers sujets. Les Belges ont réalisé une enquête sur le trafic du « Kubus », les Canadiens ont poursuivi les autruches, les Suisses ont élaboré une fiction dans les rues du Cap.

  • Et toi, Roland, d’où viens-tu ?

Il est déjà très excité par son premier reportage

  • Nous étions dans une mine d’or, à Springs, à une soixantaine de kilomètres d’ici. C’était fou ! Nous sommes descendus à moins 1500 mètres. Le responsable, un Blanc, nous a accompagnés dans un dédale de galeries où ne travaillaient que des Noirs, complètement abrutis par leur travail ! Il faisait une chaleur épouvantable ; l’air brûlant était saturé d’humidité, ça sentait la dynamite ! Nous avons eu du mal à protéger le matériel de la boue, de l’eau, de l’air qui suintait la ilotte ! Ensuite, au front de taille, nous avons été obligés de marcher à quatre pattes pour avancer. La perforatrice hurlait dans un jet d’eau, les visages dégoulinaient de sueur. Une vision d’horreur ! Nous n’avons pas arrêté de trébucher dans les galeries, les rocs, les câbles ! Tout cela dans un bruit infernal. Cela a été éprouvant !…

Tous ont déjà des histoires à raconter, des rencontres à prolonger, des adresses à retenir. C’est à qui interrompt son voisin pour lui exprimer sa passion et ses réflexions. Après quoi, chacun remonte dans ses appartements. En général, une chambre à deux lits pour chaque équipage, une chambre individuelle pour les membres de la « prod » (comprendre : production). Avant de me coucher, j’ai la mauvaise idée de vouloir défaire mon pansement. En enlevant la bande, la peau qui s’y est incrustée et collée s’arrache. Je referme aussitôt, mais il est déjà trop tard… Toute la nuit, le sang coule sur les couvertures, dans les draps, sur le sommier. Au petit matin, le spectacle est indescriptible.

Devant mon lit devenu rouge, la femme de chambre pense d’abord à un assassinat, mais ne comprend sans doute pas que je sois encore en vie. Elle se fait bousculer par Guy qui entre en trombe sur les lieux du crime. Elle pense d’abord à un policier mais ne comprend pas pourquoi il est torse nu.

  • Tu sais, tu ne pourras pas venir au Zimbabwe dans cet état ! Je ne peux pas prendre le risque de te faire passer ! Avec la chaleur et la poussière, ça va être l’enfer, mon vieux ! Fonce à l’hôpital !

Je hèle le premier taxi, et quelques minutes plus tard, mon bras est au sec, avec de nouvelles bandes. Guy, entre-temps, s’est envolé pour Harare, capitale du Zimbabwe, notre deuxième étape.

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Didier Regnier

Didier a encadré la caravane du Grand Raid du Cap de Bonne Espérance à la Terre de Feu, animant l'émission sur le terrain et réalisant des récits étape pour présenter les pays traversés et illustrer les aventures et anecdotes de la semaine. Ses articles sur ce site sont des extraits du livre qu'il a publié en 1985 chez Robert Laffont, "L'Aventure du Grand Raid".