Roland restera-t-il?

Jeudi, 21 février.

Dans ce tourbillon d’incertitudes, nous enregistrons notre pro­gramme sur le sampan (petit bateau chinois marchant à la godille ou à l’aviron) de Madame Sissian, une adorable femme qui sillonne depuis trente ans les canaux de la baie d’Aberdeen. Benoît est énervé car nous tournons de nuit sous des éclairages difficiles à régler, dont les câbles traînent dangereusement dans l’eau. Sur le quai, il court, caméra au poing, nous adjurant de faire du surplace avec le sampan.

Vient ensuite l’instant auquel a pensé Roland toute la semaine.

Roger Bourgeon ouvre l’antenne, dans un silence impressionnant…

  • Le Comité de contrôle a accédé à la demande de Laurent Chomel. Roland reste avec vous et se voit gratifié d’un avertissement.

Roland est heureux, sourit, remercie Laurent, et, du coup, l’ambiance devient très chaude sur le plateau. A telle enseigne qu’Alexandre et Alain exhibent deux superbes maillots à l’effigie de Rackham, que leur ont envoyés des admiratrices. Dans la foulée, un peu envieux de cette garde-robe personnalisée, je lance un appel désespéré au micro : « Comme nous entrons en Chine et qu’il va y faire froid, vous pouvez m’envoyer des chaussettes!… »

La soirée se termine tard. Selon la coutume, j’attends dans ma chambre le défilé des candidats qui viennent déposer leurs devoirs selon un ordre invariable : Christine rend toujours son reportage accompagné d’une trentaine de lettres pour sa famille, ses amis, ses voisins, le fabricant de vêtements, le fou qui les trouve géniales et rêve d’elles, les moniteurs de la Prévention routière, les monteurs, le producteur et le réalisateur ; Francis cherche une enveloppe pour son plan de montage ; les Français rendent leurs paquets dans le désordre ; les Suisses arrivent à l’heure (normal pour des Suisses !) ; et les Belges souvent après, c’est normal aussi…

« Tu nous avais dit minuit dernier délai !… » ; « Oui, mais c’était minuit, hier !… » Les discussions s’éternisent ensuite sur l’émission, son écoute, le règlement à modifier, les jurés à supprimer.

Enfin, nous fermons les cinquante cadenas des malles que nous avons récupérées sur le toit des voitures et dans les petites échoppes de Hong Kong.

Demain, à l’aube, nous partons pour Canton. Nous allons entrer en Chine, le moment fort du Raid ; un pays dont je rêve depuis longtemps et qui m’aura fait faire ma plus longue marche…

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Didier Regnier

Didier a encadré la caravane du Grand Raid du Cap de Bonne Espérance à la Terre de Feu, animant l'émission sur le terrain et réalisant des récits étape pour présenter les pays traversés et illustrer les aventures et anecdotes de la semaine. Ses articles sur ce site sont des extraits du livre qu'il a publié en 1985 chez Robert Laffont, "L'Aventure du Grand Raid".