P. Raymakers sauve sa tête de justesse

Raymakers fait la « une » sur le plateau du Raid. En effet, Philippe n’est toujours pas arrivé. Je n’ai reçu aucun message, aucune information de sa part. A Paris, Roger Bourgeon rappelle que Philippe a obtenu cinq jours de plus pour réaliser son sujet à la condition expresse qu’il soit présent sur le plateau de Puerto Montt. Commencent maintenant les 60 minutes les plus longues de tout le Raid. Les films défilent, Philippe n’arrive pas. Je suis de plus en plus inquiet pour lui et trouve qu’une élimination serait ridicule à quinze jours du but. Toutes les minutes, les candidats tournent leurs regards vers l’entrée du port. Rien ne bouge. Le climat est tendu. Le verdict va tomber. Alors que la fin de l’émission approche, Roger constate l’absence, évoque le règlement : « Contraire­ment à ce qu’il nous avait promis, Philippe n’est pas là… »

J’essaye de faire traîner les choses.

  • Roger, peut-être pourrions-nous attendre un peu pour connaître les raisons qui ont empêché Philippe de nous rejoindre ? La neige ? Un accident peut-être ?
  • Non, nous devons maintenant prendre la décision : Philippe n’est pas là, il est donc éliminé, conformément au règlement.

Au même instant, comme dans un bon film policier, deux voitures déboulent sur le petit port, phares allumés. Dans la première, Roland et Georges ; dans la seconde, Philippe et Robert. Ils sont heureux mais complètement épuisés par leurs trente-six heures de conduite ininter­rompue.

C’est complètement incroyable ! Philippe sauve sa tête de justesse et a du mal à réaliser la tension qui règne sur le plateau. Je sais que beaucoup de téléspectateurs vont croire à un « coup monté » pour maintenir le suspense et faire palpiter les cœurs, mais il n’en est rien. Ce rebondissement n’a pas été organisé ni orchestré. Comment Philippe aurait-il pu jouer avec le feu à ce point-là ? Par contre, le côté le plus spectaculaire de cette histoire ne réside pas en leur arrivée tardive au port, mais dans la manière dont ils nous ont trouvés. En quittant Buenos Aires, je n’avais donné qu’un lieu de rendez-vous aux candidats : l’hôtel de Puerto Montt. Lorsqu’ils y sont arrivés, ils ne savaient pas où nous enregistrions l’émission, mais, heureusement, quelqu’un avait laissé à leur intention un petit papier sur lequel il était écrit : « Nous sommes au port de Puerto Montt, à l’extrémité du quai. » Sans ce petit mot, Philippe aurait été éliminé ; un mot rédigé et déposé par Marie-Odile, ma femme !

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Didier Regnier

Didier a encadré la caravane du Grand Raid du Cap de Bonne Espérance à la Terre de Feu, animant l'émission sur le terrain et réalisant des récits étape pour présenter les pays traversés et illustrer les aventures et anecdotes de la semaine. Ses articles sur ce site sont des extraits du livre qu'il a publié en 1985 chez Robert Laffont, "L'Aventure du Grand Raid".