Le Grand Raid : une aventure avec un grand « A »

Extrait du dossier de presse d’Antenne 2:

Une vingtaine de personnes, 5 chaînes de télévision, 14 voitures, 2 camions d’assistance et grâce à eux des millions de téléspectateurs vont se lancer dans une aventure sans précédent

Réaliser 30 émissions de télévision durant lesquelles les téléspectateurs et les candidats passeront du rêve au cauchemar, des moiteurs afri­caines aux sables des déserts, des approches de l’Himalaya ou des neiges de l’Alaska aux cols Andins et au Cap des Tempêtes, des régions les plus nues aux villes les plus peuplées du monde, en parcourant plus de 40 000 kilomètres en 7 mois de la pointe sud de l’Afrique à l’extrémité de l’Amérique du Sud.

LE GRAND RAID : une aventure avec un grand « A »

L’idée du Grand Raid est simple : cinq équipes de deux jeunes (une par télévision participante) assurent par les échos de leur aventure et des su­jets filmés un programme hebdomadaire de télévision.

Malgré sa simplicité, cette idée exhaltante rencontra immédiatement des difficultés…

L’étude préliminaire de l’itinéraire a permis de définir une ligne :

Remontée de l’Afrique par l’Est, Moyen-Orient, Inde, Asie, puis descente des Ameriques d’Anchorage au Cap Horn par la partie Ouest des deux sous-continents.

Dès l’origine, il était évident que certaines régions seraient interdites à la circulation ; obsta­cles politiques, la guerre Iran-Irak et celle de l’Afganistan obligent à une traversée maritime du golfe persique vers l’Inde ; obstacles géographiques, l’Hi­malaya et l’Océan Pacifique obligent à un franchissement par avion.

Mais les reconnaissances effectuées sur place par trois éclaireurs ont révélé bien d’autres difficultés. Le Monde est devenu une série d’enclos parfois invio­lables, parfois s’ouvrant sur des zones de guerres nationales, provinciales ou tribales. Les zones de conflits, d’insécurité, de violence se multiplient partout, transformant des continents, des pays, des régions, en une mosaique dont les contours sont alam­biqués et changeants.

Ici, on ne peut traverser la frontière entre deux pays voisins mais ennemis. Là, la guerre couve entre le Nord et le Sud. Ailleurs, des bandes de pillards parcourent les campagne, rançonnant les voyageurs. En un autre lieu, les haines religieuses déchirent un Etat.

Parfois un pays ne sait même plus si la route qui conduisait autrefois à un col est encore praticable. Un autre répond : « zone militaire… interdit à tout étranger… photos prohibées… »

La situation d’aujourd’hui oblige déjà à des dé­tours. Quelle sera-t-elle au moment où les voitures quitteront le Cap ? Ne faudra-t-il pas improviser, dérouter, raccorder plus loin ? Sans doute, mais celà fera partie de l’Aventure, du suspens du programme télévision.

LE GRAND RAID : un programme de télévision et un jeu

Partant le dimanche matin d’une ville-étape, les candidats devront atteindre la ville-étape suivante au plus tard le vendredi à minuit.

Durant ces six journées, ils pourront emprunter -suivant les régions traversées- l’itinéraire de leur choix et tourneront un sujet vidéo d’une durée de 4 à 5 minutes antenne. Les cinq sujets hebdomadaires seront envoyés à Paris par le premier avion, et seront montés durant la semaine.

Mais les images des candidats ne sont pas les seules à constituer les émissions. Durant la semaine, l’équipe de production, composée de Didier REGNIER (rédacteur en chef) et Benoît JACQUES (caméraman) -qui se déplacent eux-aussi en voiture-, réaliseront un sujet de 8 minutes antenne qui illustrera le récit de l’étape.

Outre ces images de terrain, l’émission sera pré­sentée à Paris par Noël MAMERE, sur un plateau où les dix jurés pourront dialoguer en duplex avec les can­didats pour porter des appréciations et noter leurs sujets. Combinés avec des points de bonification por­tant sur la conduite et l’entretien des véhicules, les notes des jurés permettront un classement hebdomadaire.

Si un équipage demeure durant trois semaines con­sécutives à la dernière place de ce classement, il sera automatiquement remplacé par l’équipe de réserve, constituée par sa télévision. Le règlement prévoit aussi des cartons jaunes sanctionnant tout manquement, retard, irrégularité. Trois cartons jaunes conduisent au rouge, c’est-à-dire à l’élimination de l’équipage.

Mais chaque jeu comporte des gains, l’équipage vainqueur remportera, à l’issue du « Grand raid », la somme de 80 000 Francs.

LES PARTICIPANTS DU GRAND RAID

Les dix jeunes, deux par télévision coproductrice, sont accompagnés par une équipe constituée de Didier REGNIER, lauréat de la Course autour du Monde 77/78, reporter à Antenne 2 et qui présenta la Course pendant trois saisons. Il animera la partie « plateau étranger » chaque semaine et sera le rédacteur « volant » de cette équipée ; de Benoît JACQUES, lauréat Belge de la Course 79/80, devenu monteur du programme depuis deux ans, il enregistrera chaque semaine les images de l’é­tape ; d’Olivier LEMAITRE, technicien vidéo son ; de Gauthier FLEURI, photographe, et de deux ingénieurs mécaniciens spécialement formés par Citroën à la main­tenance des véhicules 4×4.

Tout ce petit monde sera présent à l’antenne cha­que semaine. Il sera donc suivi physiquement par des dizaines de millions de téléspectateurs en Belgique, au Canada, en France, au Luxembourg et en Suisse, sans oublier la Principauté de Monaco.

Comment ont-ils été choisis ?

Dès mars 84, le principe du « Grand Raid » a été expliqué, l’appel à se faire connaître, lancé.

A cet appel ont répondu quelques 5 000 jeunes dans les pays concernés.

Par une série de présélections sur dossiers, d’en­tretiens, de sujets tournés sur des bases imposées, chaque télévision est parvenue à désigner quatre jeu­nes, en fonction des critères suivants: santé, équili­bre psychologique, sens de l’image et imagination.

Les vingt ainsi détectés ont été réunis dans la région parisienne pour un stage de trois semaines. Ils ont été accueillis et entraînés au Centre de Formation de la Prévention Routière sur l’autodrome de Monthléry.

Connaissance du véhicule, des matériels image et son, dépannage de première urgence, cours de secouris­me, approche psychologique avec Mr Antoine de la GARANDERIE, étude ces itinéraires, prises de vue, en­traînement à la conduite tout-terrain, expression ora­le, écriture des commentaires de sujets, tenue devant la caméra, ont constitué le programme de ce stage intensif.

A l’issue de ce dernier, les responsables des télévisions ont désigné leur équipage partant et leur équipage de réserve.

LE MATÉRIEL DU GRAND RAID

Le matériel : voitures, appareils de prises de vues et de son, équipement de route, a exigé, comme l’itinéraire, une étude et des essais échelonnés sur une année et demie.

Les véhicules (voir fiche technique)

Pour les voitures « Grand Raid », un cahier des charges a d’abord été défini. Il fallait un véhicule léger, quoique renforcé dans toutes ses parties basses, capable de se sortir des embûches du terrain, pouvant circuler sur route et sur piste, sur terrain défoncé, spongieux ou enneigé, possédant un faible appétit de carburant et pouvant recevoir, outre deux pilotes-cinéastes et leurs bagages, un réservoir supplémentaire d’essence ordinaire, des coffres étanches de rangement pour les caméras, magnétoscopes, magnétophones, micros et appareils d’éclairage, un petit groupe électrogène pour la recharge des batteries et accumulateurs, des accessoires de route : pare-buffles, treuil de remor­quage, grilles de désensablage, phares mobiles.

La voiture « Grand Raid », construite en France, vit le jour en juin 84.

Ainsi la caravane du Grand Raid Le Cap Terre de

Feu comprendra huit véhicules : 5 voitures « Grand Raid », respectivement aux couleurs d’Antenne 2, de Radio Canada, de la Télévision Suisse Romande, de R.T.L Télévision, et de Télé Monte-Carlo, 2 voitures de production et un camion atelier 6×6 de dépannage et d’assistance, au sigle de la Communauté des Télévisions Francophones : C.T.F.

L’obligation de voyager sans interruption sur trois continents a conduit à prévoir deux séries de véhicules. Les transits par voie de mer ne permettent pas en effet de relier tel pays à n’importe quel autre, les voitures n’auraient pas pu suivre l’itinéraire dans les délais fixés.

La prise de vue

Le matériel de prise de vues a été étudié et es­sayé avec le même soin.

Il faut d’ailleurs souligner une innovation pour ce « Grand Raid » : fini le Super 8, la vidéo légère grand public arrive ce qui n’est pas sans conséquences pour ce qui concerne l’expression de l’image.

En libérant les candidats des astreintes techni­ques, l’automatisme des caméras VHS, leur permet d’être avant tout des visionnaires, des concepteurs, et ainsi d’exprimer par leurs images un réalisme intéressant.

Une caméra d’un poids de 1Kg500, un magnétoscope VHS à bandes C pesant 2Kg400 constituent la base de l’unité de tournage. L’intérêt pour le fabriquant et pour les amateurs de vidéo, résidera, non seulement dans l’examen de la qualité des images, mais aussi dans la façon dont ces matériels nouveaux résisteront aux attaques de la poussière et du sable, aux différen­ces de température et d’hydrométrie, aux cahots obligés dans un transport quotidien sur tous terrains.

Aucune simulation ne peut être aussi révélatrice qu’une telle aventure quant à la fiabilité des équipements.

LA SECURITE LORS DU GRAND RAID : un accent mis sur la prévention

La sécurité des jeunes « Raideurs » a, elle aussi, fait l’objet de l’attention des producteurs. Avertis par la Fédération Internationale de l’Automobile dont le siège est à Paris, les Automobiles-Clubs de la plu­part des pays traversés sont partout alertés ; les jeunes ont reçu des cours de secourisme de première urgence.

Une grande société d’assurance a prévu un réseau d’assistance après un examen très complet avant le départ, elle assurera un contrôle médical des équi­pages à chaque étape.

Enfin, chaque véhicule sera équipé d’une balise de détresse qui sera reliée par trois satellites au Centre National des Etudes Spatiales de Toulouse. Ce système permettra de localiser immédiatement à 300 mètres près sur la carte du monde, l’endroit où les voitures seront en difficulté.

Le central du Raid surveillera en permanence ces mou­vements, prêt à alerter les autorités civiles et mili­taires des Etats concernés, chaque fois qu’une voiture aurait actionné son émetteur.

Le ravitaillement en carburant a de être organisé, notamment en Afrique, en déplaçant spécialement des citernes sur des centaines de kilomètres, afin de les placer sur le parcours de la caravane du « Grand Raid ».

Que personne n’imagine cependant que le Raid sera pour les jeunes une promenade. On est très loin du tourisme confortable. Bien des étapes devront s’effec­tuer à travers des régions ne possédant aucune structu­re d’accueil, il faudra bivouaquer en brousse, se protéger, ou luxueusement loger chez l’habitant. Chaque équipage possède d’autre part son abri en toile Aluflex capable de protéger du chaud et du froid, montable en quelques minutes pour la nuit.

Tous ces éléments, hommes et matériels, transpor­tés dans des lieux qui demeurent pour certains aussi secrets et imprévisibles qu’une boîte de Pandore, contribueront à faire du GRAND RAID une aventure moder­ne et un programme de télévision où l’information, la culture et le divertissement se mêleront de manière attrayante.

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Robert Bourgoing

Robert Bourgoing faisait partie de l'équipe canadienne avec Francis Lévesque. Il a réalisé et administre ce site et la page Facebook consacrés au Grand Raid. Retrouvez d'autres articles, photos et vidéos de ses voyages sur Bourgoing.com