J’attends Benoît qui achève de filmer une séquence, en surveillant du coin de l’œil la voiture dont toutes les vitres sont baissées. Un petit garçon m’aborde :
- D’où venez-vous ?
- De France !
- Il y a longtemps que vous êtes ici ?…
La question est à peine terminée qu’en me retournant j’aperçois le corps d’un homme, sans aucun doute complice, penché à l’intérieur de la voiture, pour en faire probablement l’inventaire… Il est tout simplement en train de nous voler ! Heureusement, nous arrivons à temps pour éviter le pillage général qui s’effectue en quelques secondes ici !
Chaque jour, nous constatons que, dans ces rues gagnées par une misère effrayante, la présence de nos voitures blanches, rutilantes, suréquipées, commence à poser des problèmes. Avec leur chargement de roues et de pelles, elles attirent les regards, la curiosité, donc la convoitise : un seul véhicule représente des années de salaire dans les pays que nous traversons.
A terme, ce luxe étalé à la vue de tous pourrait devenir un handicap, une limite à l’émission que n’avait sans doute pas prévue Jacques Antoine. Pour lui cette voiture devait être le moyen de se faufiler dans les villes, de se perdre à la campagne, dans la brousse, dans les villages.
Déjà, une question se pose : les candidats, pris entre le temps qui court plus vite qu’eux et les risques de se faire « déshabiller » sur les pistes peu sûres, ne vont-ils pas être tentés de rester dans les villes pour y tourner leurs sujets, et garer leurs voitures sur les parkings surveillés des grands hôtels ? Avec le risque de se couper des « réalités locales ».
Ce qui devait être un instrument d’évasion et de contact pourrait ainsi devenir tout le contraire : un objet de convoitise qui ne facilite pas toujours l’approche des gens.
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