Dimanche 17 mars 1985, midi.
Pierre Balian m’accueille devant sa tasse de café en rigolant :
- Tu sais, ça se présentait bien pour les douanes. Nos malles restées à l’aéroport devaient être réembarquées sans aucune fouille. Et sais-tu ce qui se passe ?
Redoutant le vol, le feu, l’inondation, le châtiment suprême, je risque un « non » craintif, fragile.
- Eh bien ! comme certaines caisses en bois ont été éventrées pendant le transport, les douaniers ont pu voir ce qu’il y avait à l’intérieur… Et qu’ont-ils trouvé ?
- Je ne vois vraiment pas… Du linge sale ?
- Non, des feux d’artifice et des cartouches de gaz.
- Et alors ?
- Et alors, il paraît que c’est interdit par la réglementation aérienne ; donc, il faut aller au plus vite à l’aéroport pour subir la fouille complète des trente-cinq malles !
J’arrive sur les pistes où trois policiers, le derrière en l’air, ont le nez plongé à l’intérieur des bagages. Ils me regardent d’une drôle de façon, comme si j’étais le chef d’une redoutable armée de terroristes. J’apprends un peu plus tard que ces feux d’artifice ont été achetés par Margot (encore lui !) en Chine, pour le tournage du prochain Rackham. Heureusement, tous les suspects sont relâchés et les armes du complot seront acheminées par la route. Le lendemain matin, l’affaire est largement évoquée dans la presse locale. Pour une arrivée, c’est une arrivée !
Tous les candidats s’envolent pour Fort Nelson, point de départ du raid américain. Pour des raisons de place, Alexandre Bochatay, Jean- Claude Freydier et moi rejoignons l’étape dans une voiture de location. La Chevrolet glisse au milieu des forêts enneigées ; nous retrouvons l’espace, la tranquillité et le temps après le tumulte de notre course en Chine. La route est belle et droite. Nous n’avons aucun rendez-vous. Devant nous, au loin, un loup traverse la route.
Après l’arrêt des émissions de « la chasse aux trésors » avec Philippe de Dieuleveult, la société Télé Union Paris m’a transféré sur la nouvelle émission du Grand Raid Le Cap Terre de Feu. A moi de préparer et gérer le dernier continent. Amérique du Nord, Amerique Centrale et l’Amérique du Sud où nous avons terminé notre tour du monde avec nos Visa 4x4 et nos jeunes candidats. J’ai poussé le vice à faire la dernière émission à l’extrême sud du Chili, à Puerto Williams.
L’Alaska aurait dû être notre point d’entrée après la Chine, tout était en place pour démarrer un nouvel épisode de cette aventure. Tout, sauf la météo. Pour descendre la Alaska highway en traversant le Canada, trop de risques de se retrouver coincé dans la neige et de prendre du retard sur la programmation du Raid. Dommage !