Samedi, 12 janvier 1985.
Les côtes ont disparu. Devant nous, derrière nous, de chaque côté : la mer. La mer qui s’est un peu agitée, en faisant danser le bateau avec une régularité malsaine. Gauthier ne photographie plus, il dessine, Robert va se coucher, Rackham-Le-Gum fait des séances de prises de vues.
Et puis, il y a les autres, que la mer secoue un peu. Guilène, qui préfère les tonneaux aux rouleaux, tourne le dos à la mer ; Jean-Pierre regrette déjà les pistes, Benoît ne répond plus derrière l’œilleton de sa caméra.
C’est le concert du silence, avec le même air entendu, le nez qui respire à fond et les yeux accrochés à l’horizon. Stoïque, Roland balaye sans relâche le pont.
Vient la nuit. Sans trêve. Les vagues ont décidé de ne pas se coucher et de faire le voyage jusqu’au bout.
A Aden, la tempête agite aussi le pauvre Pierre. Le représentant du ministère des Relations extérieures qui est venu le chercher à l’aéroport reprend le dossier de zéro : « Quels sont les angles de vues, combien de caméras comptez-vous importer, quel type de matériel allez-vous utiliser ? Il faut prévenir l’armée, avoir l’autorisation des douanes, celle du ministère des Finances. »
Bref, nous sommes les bienvenus… dans un mois à peu près, alors que le Raid est embarqué sur le « Randa » ! Pierre ne comprend plus rien : « Mais… ils sont tous sur un bateau et ils arrivent demain ! » L’homme s’énerve et conclut :
- Eh bien, je préviens le port de vous interdire l’entrée !
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