Mardi, 4 décembre
La Tanzanie, c’est aussi le Kilimandjaro, le plus haut sommet de l’Afrique. Nous croyons savoir que des libéristes français s’apprêtent à sauter du haut des 5 963 mètres de la montagne, et en parlons autour de nous. Ils seraient déjà en train d’en commencer l’ascension. Les candidats écoutent. Le temps manque. Chacun évalue ses chances : partir au nord sur une route impossible, monter au sommet, tourner, revenir au plateau qui se tient dans quatre jours, c’est très court.
Les Français, d’abord intéressés, renoncent. Les Belges enregistrent l’information. De leur côté, ils font leur petite enquête, rêvent déjà du « scoop ». La seule certitude qu’ont Philippe et Serge, c’est qu’ils sont en retard. Alors, très vite, ils se décident. Le soir même, ils s’élancent et roulent toute la nuit sur une route d’enfer. Sans arrêt, les voitures éblouissent de leurs phares blancs les candidats qui commencent à se fatiguer. A chaque croisement, ils sont obligés de s’arrêter pour laisser passer les bolides.
Mercredi, 5 décembre
Sept heures du matin : ils arrivent à Moshi, foncent dans un petit hôtel et annoncent « le coup » à la gérante, une Allemande qui va organiser l’expédition « à l’allemande ». Deux heures plus tard, tout est prêt.
A dix heures du matin, après une nuit blanche, Philippe et Serge commencent l’escalade, en compagnie d’un guide et de quatre porteurs. Première nuit dans un refuge. Départ tôt, le lendemain matin. Ils marchent toute la journée à la poursuite des libéristes qu’ils retrouvent dans un second refuge, au crépuscule du deuxième soir, une demi-douzaine de Français, impatients d’être les premiers de notre pays à sauter du haut du Kilimandjaro avec des ailes-delta.
La soirée se passe joyeusement, mais le lendemain matin, l’altitude fait souffrir Philippe et Serge qui passent de 3 600 à 4 700 mètres. Le souffle se fait court, les conversations aussi. A cinq heures de l’après- midi, l’équipe inaugure son troisième refuge. En ne perdant pas de vue qu’à minuit, il faudra monter au Kilimandjaro pour y être avant l’aube… et les nuages.
Jeudi, 6 décembre, huit heures.
Les cœurs n’en peuvent plus… Philippe souhaite placer une caméra sur l’aile, mais pour des raisons de sécurité, les libéristes refusent.
Enfin, les oiseaux se lancent dans l’espace qui leur appartient désormais. Les objectifs n’en perdent pas une miette. Mais il faut maintenant rejoindre au plus vite Dar es-Salaam où l’enregistrement du deuxième plateau a lieu dans vingt-quatre heures exactement ! Philippe se lance alors dans une gigantesque course contre la montre, en dévalant les pentes du Kilimandjaro. A 17 heures, il arrive dans la vallée, saute dans une voiture, puis dans un petit avion qu’il avait pris soin de réserver. Direction Dar es-Salaam !
Le lendemain matin, Philippe m’explique sa passionnante aventure. Je découvre non seulement un personnage, mais une équipe prête à tout, qui réagit au quart de tour, ne doutant pas du résultat et, de plus, performante. Une équipe sur laquelle nous sommes déjà un certain nombre à parier, un mois à peine après le départ… et le succès du Kubus ! Détail touchant : Philippe a pensé à rapporter de la neige dans une bouteille Thermos, pour l’émission de tout à l’heure.
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